Depuis des décennies, l’on parle des codes immémoriaux de la Haute Horlogerie : boite fine, mouvement mécanique, guilloché, couronne à 3 heures et constance des codes de la marque. Ce serait oublier que ces codes sont nés pour être bousculés. Les années 70 et 80, dopées par un quartz tout puissant, ne s’en sont d’ailleurs pas privé : ne rappelons pas ici les montres-calculatrices, les boîtiers anguleux en acier plaqué, les géométries les plus douteuses et les mouvements chinois d’une qualité pour le moins discutable.
Quel lien avec Kerbedanz ? De prime apparence, aucun. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Et c’est en regardant de plus près la grammaire esthétique de la marque, qui semble conventionnelle, que l’on y décrypte un art éloquent de la controverse et du pied de nez à l’histoire.
Alors on danz?
La nouvelle collection Cadanz en est l’illustration. La gamme, naissante, aurait tout intérêt à se construire un corpus esthétique cohérent et pérenne. À poser des fondations. Ce n’est pas le cas : Cadanz mise sur un esprit, en aucun cas sur un corset de règles auto-imposées. Prenons la typographie des différents modèles existants : il y en a quatre différentes ! Profilée, creusée, stylisée : les heures Cadanz ne sont pas toujours les mêmes.
Le puriste s’étranglera : où est la cohérence ? Il faudra une loupe pour la trouver. Car elle ne se cache pas dans le tour d’heures : elle est nichée au creux du guilloché. C’est lui, la clé de voute de l’esthétique Cadanz. Toujours semblable, égal à lui-même, composé de très fins losanges dont la pointe affleure à peine de la surface. C’est ce léger relief qui capte la lumière. Kerbedanz a créé ce subtil motif qui, à chaque nouvelle couleur, capte différemment la lumière et donne l’illusion de guillochés toujours différents. C’est un leurre : selon qu’il est traité de blanc, noir ou ivoire, sa perception change, mais son identité reste la même.
Rester libre
La montre mécanique s’est ainsi progressivement définie par des canons aujourd’hui largement connus. Les marques les plus institutionnelles comme Breguet, Jaeger-LeCoultre ou Patek Philippe ont bâti leur identité dessus. Des maisons plus disruptives comme HYT, Trilobe ou Urwerk ont construit la leur sur la rupture consommée avec ces canons, et l’établissement de nouveaux standards qui n’appartiennent qu’à eux : l’heure fluidique pour la première, l’heure sans aiguille pour la deuxième, l’heure satellitaire pour la troisième.
L’approche de Kerbedanz vise au juste milieu : s’approprier les codes traditionnels...et les détourner. Une couronne sur le côté de la boîte ? Oui, mais pas à 3h : chez Kerbedanz, elle est systématiquement à 2h. Un guichet de date ? Oui, mais pas à 6h : il sera, lui aussi, à 2h. Une constante alternance de finitions polies et satinées ? Polies, oui. Satinées, non. C’est ainsi : les Cadanz de Kerbedanz sont toutes intégralement polies miroir, quel que soit le matériau.
Des matières précieuses habillées de bracelets en cuir ? Oui pour les premières, non pour les seconds. Car il plaît à Kerbedanz d’habiller sa Cadanz Signature Date Jewellery d’une lunette sertie portée par un bracelet en caoutchouc, texturé façon toile. Chic et moderne !
Des aiguilles identitaires, comme la pomme évidée chez Breguet ou l’aiguille bâton de chez Nomos Glashütte ? Sans façon : Kerbedanz s’approprie les standards...mais les multiplie à l’envi. Elles seront feuille ou bâton, tantôt pleines, tantôt squelette, tantôt bleues, parfois or, voire orange. Elles battront le temps d’une manière toujours unique. En Cadanz.