M&BD Consulting Étude Horlogère – troisième partie

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Pour en savoir plus sur les ressources humaines, découvrez cette troisième partie de notre série de quatre articles sur l'industrie horlogère de luxe

Dans cette troisième partie du rapport, M&BD Consulting s'intéresse aux ressources humaines et à la recherche de la diversité et des talents. 

L’horlogerie de luxe n’est pas épargnée par les défis liés aux ressources humaines. Employant plus de 65'000 personnes en 2023 (CPIH, 2023), cette industrie fait face aujourd’hui à deux grandes problématiques : un manque de diversité et une pénurie de talents.

Diversité et inclusion : l’horlogerie à la traîne ?

Le secteur de l'horlogerie de luxe est fréquemment décrit comme étant traditionnel et conservateur, en particulier en termes de recrutement et de gestion du personnel. En effet, le secteur est confronté à un manque de représentativité, avec des postes à responsabilité majoritairement occupés par des hommes ne reflétant pas la diversité de la société. Cela concerne par exemple la place des femmes au sein de l’industrie. Même si celle-ci a considérablement évolué et qu’elles représentent aujourd’hui 43% du total de la main-d'œuvre du secteur (CPIH, 2023), l’accès aux postes à responsabilité demeure pour elles difficile. En effet, environ 19% des postes de direction sont tenus par des femmes (CPIH, 2023). 

Et ce manque de diversité pourrait desservir les acteurs de l’industrie. Différentes recherches montrent que la promotion de la diversité et de l'inclusion augmente l'implication des employés, stimule l'innovation et améliore la rentabilité des entreprises.

Un entre-soi centenaire

Ce manque de diversité concerne également le recrutement et l’attribution des postes au sein du secteur. Majoritairement composée de PME implantées en Suisse romande, l’horlogerie de luxe aime recruter au sein du secteur. Et avoir travaillé dans d’autres industries peut même faire défaut à certains candidats. Conséquence, le vivier se renouvelle peu et ce sont souvent les personnes provenant du secteur qui reprennent les postes à responsabilités. Et cela peut priver les entreprises de perspective nouvelle, d’innovation, ou d’inspiration que pourraient amener des profils ayant fait carrière dans une autre industrie. 

Une pénurie de main-d’œuvre conjoncturelle

La croissance et l’augmentation de la demande s’accompagnent inexorablement de nouveaux besoins en recrutement. En particulier lorsque celle-ci fait suite à une période de réduction d’effectifs, comme la pandémie de COVID. L’industrie devra combler environ 4’000 postes supplémentaires d’ici 2026, dont presque 1'500 nouveaux emplois, en plus du renouvellement de près de 2'500 départs en retraite (CPIH, 2022). 

Aujourd’hui, les métiers de l’horlogerie peinent à séduire, en particulier chez les jeunes et les Suisses. Les conditions et rémunération de certains postes ne sont pas toujours alignés avec les attentes, et l’emplacement géographique des entreprises nécessite parfois de faire d’importants trajets. Et cela ne concerne pas seulement le travail dans les manufactures. Il est devenu difficile de trouver et de retenir du personnel de vente compétent, connaissant les aspects techniques de plusieurs modèles ou marques et capable d’assurer une expérience client de la plus haute qualité.

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Chaîne d’approvisionnement : entre contrôle et agilité

L’industrie horlogère est fortement dépendante des cycles économiques. En effet, son activité, ses revenus et ses profits tendent à fluctuer selon les cycles économiques plus larges. La chaîne d’approvisionnement est donc directement impactée par les phénomènes macro-économiques liés aux matières premières et au personnel. Pandémie, conflits géopolitiques, déplétion des ressources ou encore réchauffement climatique, l’approvisionnement horloger a été mis à rude épreuve au cours des dernières années. Cependant, cela ne semble pas ternir les ambitions de développement des entreprises horlogères.

Une chaîne d’approvisionnement sous tension

D’une part, les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont forcé les entreprises horlogères qui s’approvisionnaient en or, métaux précieux et diamants auprès de ce pays à rechercher de nouveaux fournisseurs. D’autre part, la hausse des prix de l’énergie qui s’élèvera en moyenne à 18% en 2024 selon les estimations (Commission fédérale de l’électricité, 2023), du coût de la main-d’œuvre, ainsi que du prix des matières premières impacte fortement les marques, les fournisseurs et les sous-traitants. 

En conséquence, certaines manufactures reportent la hausse des coûts sur le tarif de leurs garde-temps et connaissent d’importants retards dans la production. La hausse des prix ainsi que les délais grandissants pour obtenir certains modèles de montres sont à leur tour susceptibles d’affecter la demande de la clientèle. 

Augmentation de la capacité de production 

Les défis liés à l’approvisionnement ne semblent néanmoins pas décourager les marques. De nombreuses entreprises horlogères, et en particulier les grands groupes, augmentent ou prévoient d’augmenter drastiquement leurs capacités de production sur le territoire suisse. Le projet d’une nouvelle manufacture de Rolex à Bulle, les agrandissements d’Audemars Piguet au Locle, à Meyrin et au Brassus, ou encore ceux de Greubel Forsey au Crêt-du-Locle, témoignent de ces ambitions grandissantes. 

Tendance à la verticalisation du marché

Afin de se départir de l’instabilité de l’approvisionnement, un nombre croissant d’acteurs qui en ont la capacité intègrent certains de leurs fournisseurs et sous-traitants, ou rachètent des parts de leur capital. La structure de ce marché a ainsi évolué au cours des dernières années, avec la disparition de nombreux fournisseurs indépendants et leur absorption par de grands groupes. Et si cela profite à une partie des acteurs, un nombre conséquent de marques produisant des volumes plus restreints peinent à se faire livrer, particulièrement lors de périodes où l’offre des fournisseurs se contracte en même temps que la demande des clients augmente.

Cette tendance témoigne aussi de la volonté des marques de récupérer le contrôle sur leur chaîne d’approvisionnement. Cela leur permet de bénéficier d’une meilleure gestion des délais et des stocks, et de quantifier, de reporter et d’améliorer leur réelle empreinte environnementale et éthique.

Retrouvez l’étude dans son intégralité

Dans notre étude complète, nous abordons d’autres thèmes, comme la position de l’industrie face aux enjeux des certifications, de la sécurité, ou encore de la digitalisation, l’identification de différentes catégories d’acheteurs, les attentes et opinions de plus de 400 acquéreurs de montres, les résultats d’une tournée « client mystère » dans près de 30 boutiques mono-marque et multi-marques à Genève, ou encore les derniers chiffres clés du marché.

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Découvrez l'intégralité de l’Étude sur les défis du secteur de l’horlogerie de luxe et pour plus d’informations, contactez : info@mbdconsulting.ch