Naissance d’une Montre : à quand le faire-part ?

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NM3 Machines © Ferdinand Berthoud
Le grand projet d’une montre 100% réalisée à la main par la Chronométrie Ferdinand Berthoud semble approcher de son terme. Depuis deux ans, l’atelier nous distille des éléments de son mouvement et de son visage. Pour une révélation courant 2025 ?

Il faut avoir la mémoire longue pour travailler dans l’horlogerie. Pour connaître son passé, son héritage, le respecter. Mais il faut aussi avoir la mémoire longue...pour anticiper son avenir ! Un usage plus rare, celui de Ferdinand Berthoud. Depuis deux ans, la Chronométrie nous distille quelques traces de son futur. Des traces d’un avenir par définition non avenu ? L’oxymore peut surprendre. Et pourtant : en cinq épisodes sont ébauchés quelques-uns des traits de la future pièce « Naissance d’une Montre », troisième chapitre. 

Affiche de la Naissance d'une Montre © Ferdinand Berthoud
Affiche de la Naissance d'une Montre © Ferdinand Berthoud

Dévoilement reportée

Sa révélation se fera théoriquement à la rentrée 2025, donc dans un an. Le projet devait initialement aboutir durant Watches and Wonders, mais il ne sera pas prêt. Et l’on connaît l’intransigeance de Karl-Friedrich Scheufele, âme fondatrice de la maison, qui n’abhorre rien de plus que d’évoquer ce qui n’est pas fin prêt – on se souvient du mystère qu’il y a entouré l’avènement de la Chronométrie Ferdinand Berthoud pendant plusieurs années, jusqu’à ce que le prototype soit fiabilisé. L’homme suit la même démarche pour le projet Naissance d’une Montre : il prendra…le temps qu’il doit prendre.

100% manuelle

Rappelons-en la ligne directrice : dessiner, concevoir, fabriquer et terminer à la main une montre mécanique traditionnelle. Toute assistance numérique est proscrite. Il a donc fallu remettre au goût du jour certaines compétences oubliées. Faire fi des ordinateurs, des machines à commande numérique. Travailler uniquement avec des outils manuels, mécaniques, et des croquis réalisés à la main. 

Machine de la Naissance d'une Montre © Ferdinand Berthoud
Machine de la Naissance d'une Montre © Ferdinand Berthoud

Le défi n’est pas simplement de revenir à la « Manufacture ». Il en est même assez éloigné. Il s’agit davantage de préserver savoirs et savoir-faire. De maintenir certaines compétences manuelles et, surtout, de les documenter afin qu’elles puissent être transmises aux générations futures. Car, à l’instar de nombreux patrons de la haute horlogerie qui possèdent une connaissance approfondie, sinon encyclopédique, de l’histoire des montres, Karl-Friedrich Scheufele est bien placé pour savoir que certains domaines sont en déclin. Ils n’intéressent plus les plus jeunes. Ils sont progressivement sortis des enseignements obligatoires en école horlogère, pour devenir optionnels, avant de disparaître définitivement des programmes. 

Un puzzle, des indices

Le projet Naissance d’une Montre vise à rectifier le tir, mais on ne sait pas quelle sera sa forme finale. Nous pouvons simplement rassembler, depuis octobre 2022, quelques pièces du puzzle. Elles sont distillées au compte-gouttes par Ferdinand Berthoud, mais sont loin de nous donner l’image finale de la montre.

La Fusée-Chaîne © Ferdinand Berthoud
Dessin de la fusée-chaîne © Ferdinand Berthoud

Ce que nous savons en premier lieu, c’est que la pièce bénéficiera d’une fusée-chaîne. C’est une transmission que Ferdinand Berthoud maîtrise depuis sa première création en 2015, la FB1. C’est une surprise sans l’être : le procédé est connu de l’atelier, mais il va probablement se montrer difficile à exécuter uniquement à la main. La maison aurait pu choisir une transmission plus simple, mais elle a ainsi préféré rester fidèle à sa vocation de précision chronométrique. 

Nous avons ensuite appris que la pièce sera éditée à 11 exemplaires. Pour y parvenir, l'atelier a dû acquérir un matériel devenu rare. Il est principalement composé de machines mécaniques des années 60. Une équipe a été spécialement constituée pour y travailler. On y retrouve la Time Æon Foundation, déjà présente sur les deux premiers chapitres du projet. Daniel Bolognesi, responsable du département d’horlogerie de Chopard, le pilote. On trouve aussi Greubel Forsey, Vianney Halter et Sylvain Pinaud, accompagnés des ressources documentaires de l’École d’Horlogerie de Genève et du MIH. 

Réunion de la Time Æon Foundation © Ferdinand Berthoud
Réunion de la Time Æon Foundation © Ferdinand Berthoud 

Enfin, la partie la plus tangible du programme a été révélée : son cadran. On découvre quelques éléments essentiels de la grammaire esthétique de Ferdinand Berthoud : les aiguilles, la combinaison de chiffres romains et arabes, ainsi qu’un affichage excentré des minutes et des heures. On peut donc supposer la présence d’une grande aiguille centrale uniquement dédiée aux battements de la seconde, ce qui serait cohérent avec les exigences chronométriques de Ferdinand Berthoud.

Questions sans réponses

Il n'y aura probablement pas d'autres révélations d’ici la sortie de la pièce. Il reste par conséquent plusieurs inconnues de taille : la forme du boîtier, son diamètre, les matériaux, les finitions, les éventuelles complications, l’échappement, et bien d’autres variables encore. Gageons que la fin d’année 2025 sera éclairée de l’aboutissement de ce projet porteur de sens et de valeurs.

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