J’ai retardé la rédaction de mon compte-rendu sur la toute nouvelle Patek Philippe Cubitus. Primo, j’étais contrariée par le trolling sur les réseaux sociaux. Secundo, je n’avais pas encore eu l’occasion de la voir. Et tertio, je n’étais pas sûre de ce que j’en pensais. J’avais besoin de temps.
Cela m’arrive souvent avec la musique. Je peux entendre une nouvelle chanson, l’aimer instantanément et fredonner des paroles que je ne connais pas encore. D’autres fois, je peux écouter quelques mesures et passer à la chanson suivante. Ces chansons peuvent apparaître dans ma playlist quatre ou cinq fois avant que je ne les écoute en entier. Je m’égare, je sais, mais soyez patients.
Les chansons que j’aime d’emblée sont celles qui ne se distinguent pas des autres. Elles sont rassurantes et apaisantes. Elles ont des riffs et des mélodies familiers et c’est pour cela que je les aime. En revanche, celles que je saute tendent à être artistiquement plus créatives. Ce qui est intéressant, c’est que je me lasse vite des morceaux qui ressemblent à tous les autres et que je finis par aimer les plus originaux.
Il en va de même pour les montres. Si vous tombez immédiatement amoureux d’une montre, c’est probablement parce qu’elle vous rappelle quelque chose que vous connaissez déjà. Lorsque quelque chose est différent, il faut du temps pour l’apprécier. Prenez la Nautilus de Patek Philippe, par exemple, ou les Royal Oak et Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet, ou encore la J12 de Chanel : à leur sortie, toutes ces montres se sont attiré les foudres du monde horloger et, maintenant, elles illustrent des articles de magazines et des livres qui présentent les icônes de l’horlogerie.
Un mois entier s’est écoulé avant que je ne puisse voir la Cubitus en vrai, à l’occasion d’une présentation dans les salons de Patek Philippe à Genève. Ma première réaction a été de constater qu’elle apparaissait beaucoup plus petite en vrai qu’en photo. Mes montres ont des bracelets XS, je ne suis donc pas le public cible. Cependant, elle reposait étonnamment bien sur mon petit poignet. Ce que l’on ne peut pas voir non plus sur les photos, c’est la finesse de la montre – 9,6 mm –, ce qui fait toute la différence en termes de confort et de portabilité.
Comme son nom le suggère, la Cubitus est de forme carrée, avec des angles arrondis. Son cadran est frappé d’un décor horizontal en relief, comme la Nautilus. Elle est présentée en trois versions différentes, chacune avec son propre style. La pièce maîtresse est la référence 5288P en platine, avec grande date, indication du jour et phase de lune instantanées sur cadran bleu, qui fait l’objet de six demandes de brevets. La deuxième est la Réf. 5821/1AR-001 qui est dotée d’un boîtier bicolore, en acier inoxydable et or rose, et d’un cadran bleu soleillé. Et enfin, mais non des moindres, il y a la Réf. 5821/1A-001 en acier à cadran vert olive.
Le but de cette nouvelle collection est d’offrir une réinterprétation du style « élégant sportif » devenu si populaire ces dernières années. Il est très intéressant de noter que plus on regarde la Cubitus, plus on l’apprécie ! Alors que la présentation touchait à sa fin, j’ai remarqué une Nautilus au poignet de l’un des directeurs de Patek Philippe. Elle semblait différente, presque désuète, à côté de cette nouvelle merveille horlogère. La Cubitus avait réussi à se faire une place dans ma « playlist » de montres.
Il faut du temps pour apprécier les montres et faire bien plus que de simplement regarder une photo ou de se précipiter sur les réseaux sociaux. Une bonne appréciation nécessite de l’implication, de la réflexion et du temps, pour permettre aux pensées et aux émotions de faire surface. Cela n’arrive pas toujours immédiatement, et lorsque ce n’est pas le cas, prenez votre temps, parce que cela pourrait être le signe d’une nouvelle histoire d’amour !
